Des origines aux premiers développements du village Occupé dès l’Antiquité, proche de la voie Domitia, Oppède profite de la Pax Romana avant de subir la longue période d’instabilité des invasions, puis des luttes successives entre les descendants de Clovis (+511), de Charles Martel (+741) et de Charlemagne avant de faire partie d’un bref royaume de Provence avec Lothaire (863). Charles le Chauve confie ce royaume à son beau frère Boson, dont un successeur chasse définitivement les sarrasins (974) qui y menaient des incursions depuis plus de deux siècles. En 1195, Oppède est rattaché au Comtat Venaissin. L’existence de la place forte est attestée dès cette époque. En effet, en 1209, le comte Raymond VI de Toulouse, qui avait obtenu une partie de la Provence, mais ayant soutenu les Albigeois avait été excommunié, est obligé de la céder temporairement en gage de fidélité au pape Innocent III. En 1243, le pape Innocent IV restitue le Comtat Venaissin à Raymond VII mais ses descendants le remettent à nouveau au souverain pontife en 1274. |
Les Papes en Avignon L’installation des papes à Avignon ouvre un siècle de prospérité jusqu’au tremblement de terre de 1348. Pendant cette période les habitants bénéficient même de franchises, de privilèges et s’auto-administrent en partie. Or la peste s’étend et pour faire face aux bandes qui écument la région, les défenses du château se renforcent. Ainsi Oppède aborde le 15e Siècle ruiné par les vicissitudes du schisme qui suit le départ des papes. Cependant un terroir fertile, la protection des états pontificaux, et l’arrivée des Vaudois vont favoriser un commerce fructueux. En 1501, les redevances perçues ne couvrant pas les frais d’entretien, Alexandre VI (Borgia) inféode Oppède à l’un de ses fidèles, Accurse de Maynier. Celui-ci agrandit le château sur lequel il fait graver son blason toujours visible sur la clé de voute de la tour aux escaliers. Ces armes, qui sont "d’azur à deux chevrons d’argent rompus l’un à dextre, l’autre à sénestre » deviennent alors celles de la commune. Il reconstruit également une nouvelle église sur la place de l’ancienne. L’épisode tragique des Vaudois Jusqu’à la révolution, Oppède reste soumis aux descendants de Maynier, qui constitue une longue dynastie de parlementaires aixois. Même si le nom de cette dynastie est malheureusement resté tristement célèbre en Provence à l’occasion de l’épisode vaudois de 1545. Jean de Maynier (1405-1558) seul descendant, chargé par François 1er, d’exécuter le sévère arrêt du parlement d’Aix qui prescrit la répression contre les Vaudois, une secte chrétienne fondée au 12e siècle à Lyon par Pierre Valdo. Tout ceci se termine dans certains villages par le massacre des habitants, dont l’épisode le plus sanglant a lieu à Mérindol. On lui doit cependant le renforcement de la protection du village et la poursuite de la construction de l’église (Notre Dame Dalidon), érigée en collégiale le 17 avril 1546, un an précisément après le massacre de Mérindol. Elle sera désormais dirigée par un collège de 6 chanoines dont un prévôt. Henri de Forbin-Maynier (1620-1671), son fils ainé, homme politique important sous Louis XIV, sera un acteur essentiel de l’intégration de la Provence au royaume de France en tant que Premier Président du Parlement de Provence. Il est inhumé, ainsi que son fils, dans le tombeau des Maynier, à l'intérieur de la collégiale. |
Le « déperchement » Par héritage, la baronnie revient aux Forbin, qui s’en désintéressent peu à peu. Touché par le tremblement de terre de 1731, le château en partie détruit sert même de carrière. La destinée d’Oppède rejoint l'histoire de la France à la Révolution. La population du vieux village, qui s’élève à 1600 âmes du 16e au 19e siècle, constate que le confort de la plaine adoucit les conditions de vie et, dans un lent processus appelé « déperchement », délaisse le vieux village pour migrer vers la vallée. On raconte que certains habitants ne voulant pas quitter leur village perché gardent, à tour de rôle et en armes, la mairie. En 1909, profitant d’une nuit d’orage et ayant appris que la surveillance est désertée, le fermier Lafond, aidé de quelques amis, d’une charrette et d’un mulet déménage toutes les archives de la mairie pour les transporter aux Poulivets. Le préfet avalise dans la foulée ce transfert ce qui ne fait que précipiter l’exode. Le hameau des Poulivets situé à 2 kms, est promu chef-lieu de canton en 1913. « Le royaume des pierres » (Consuelo de St Ex) En 1940, le vieux village ne compte plus que 6 habitants, mais il ne veut pas mourir. Etonnamment, la guerre va contribuer à sa renaissance. Par le fruit du hasard et de la nécessité, des artistes s’y retrouvent animés par une inspiration soudaine en août 1940 sous la direction de Bernard Zerfuss (Prix de Rome 1939) pour y créer le « Groupe d’Oppède » fondé en particulier par une école d’architecture. Consuelo de St Exupéry, s’inspire alors de son séjour pour écrire un livre « Oppède » publié en 1947. Etait-ce le destin d’Oppède ? Cet héritage ne s’est pas arrêté avec la fin de la guerre, en effet, de nombreux architectes, peintres, écrivains, musiciens, attirés par la beauté des lieux, ont prolongé cette tradition en s'installant dans les environs pour constituer un vivier riche dans sa diversité artistique. |